La femme burundaise joue un rôle central dans les décisions sur les menus servis dans les ménages. Différents interlocuteurs du journal en ligne www.mbwira.bi donnent leurs points de vue sur l’état des lieux des connaissances qu’a la femme en matière de nutrition et les mesures à envisager pour améliorer ces connaissances.
Léocadie Mbonihankuye est une femme âgée de plus de 60 ans. Elle habite à Muyira dans la commune de Kanyosha en province de Bujumbura. De retour du marché communément appelé « chez Siyoni », elle s’est confiée au journal en ligne www.mbwira.bi , un panier d’ananas sur la tête. Léocadie reconnait quelques fois suivre des émissions sur la nutrition à la radio. Elle se rappelle vaguement de ce qu’elle peut faire pour équilibrer le repas familial. Elle souligne que son souci majeur est de trouver ce qui peut rassasier sa famille.
Emelyne Mpawenimana, une femme d’une trentaine d’années, mère de 4 enfants est voisine de Léocadie. Elle lui tenait compagnie avec un panier de mangues sur la tête. En ce qui est des bonnes pratiques nutritionnelles, elle assure en avoir entendu à la radio. Elle précise surtout avoir visité des centres de nutrition. Elle indique y avoir constaté comment préparer des repas destinés aux enfants souffrant du Kwashiorkor, une expérience qui l’inspire dans les menus qu’elle prépare.
«La question autour de la nutrition, (…) les gens qui apprennent ça comme une science, ils la jettent dans la poubelle, dans les syllabus et ils rentrent à la maison sans rien(…). La plupart des familles n’ont aucune connaissance en nutrition », martèle Damien Piaget Marabe, économiste de formation et conseiller en nutrition. «Les gens ne donnent pas de l’importance au contenu de l’assiette, voire même les gens qui ont été à l’école(…) », ajoute-il.
Dr Amélie NIJIMBERE, Médecin pédiatre et nutritionniste estime quant à elle que 60% de la population burundaise n’est pas éduquée à la nutrition. Elle explique que la femme n’a pas de temps de s’informer et se former sur la nutrition car ces informations se lisent dans les journaux, se disent à la radio, ou dans des formations organisées par des ONGs.
Face à cette situation, Damien Piaget Marabe propose : « Ce que nous avons à faire, c’est de donner l’information aux ménages, leur montrer ce qu’est un repas complet. Et si on parvenait à influencer les mamans à bien organiser les recettes familiales, c’est qu’on diminue les maladies en famille ». Il trouve que ces informations peuvent atteindre la femme au moyen de divers médias. « Pour être efficace, les pouvoirs publics comme le ministère de la santé, peuvent regrouper des nutritionnistes en vue de faire des campagnes d’informations en provinces. », poursuit Marabe.
Dr Amélie Nijimbere quant à elle propose à la femme de participer aux formations organisées par le ministère en charge de la santé, ou par des ONGs. Elle propose surtout qu’il y’ait une politique qui encourage la femme à étudier, à avoir un niveau de formation correcte, une politique qui est en faveur de la non-discrimination de la femme.
Le document produit par Dr Célestin Sibomana, Secrétaire Exécutif de la plateforme multisectorielle de sécurité alimentaire et de nutrition,et utilisé dans son intervention lors de l’atelier sur la formation des femmes journalistes sur la couverture médiatiques des sujets relatifs à la sécurité alimentaire et nutritionnelle du 9 au 10 février 2023, précise que ladite plateforme entend porter l’accent particulier sur « la promotion du rôle des femmes en tant que productrices et consommatrices d’aliments variés et riches en nutriments, d’une part, et d’autres part en tant que personnes en charge de la nutrition et de la santé du ménage ». Et que ceci « pourrait apporter des changements perceptibles en matière de lutte contre la malnutrition et l’insécurité alimentaire ».
L’espoir est donc permis que des stratégies puissent être mises sur pied pour que la femme ait accès à plus de connaissances en nutrition et soit sensibilisée sur les bonnes pratiques nutritionnelles.