Pourquoi le roi était-il aimé par ses sujets?

Dans le cours d’ethiculturation que l’abbé Adrien Ntabona dispense chaque samedi aux volontaires qui s’intéressent à la culture burundaise, il était question ce samedi 5/3/2022, d’analyser le chant inanga « umwami ari hehe » pour y découvrir les raisons qui poussaient les Barundi à aimer leurs rois.

 

Ntabona montre d’abord que le mot « umwami » vient du verbe rundi « kwama » qui signifie porter des fruits. Le suffixe -i est utilisé en kirundi pour insinuer l’État

Ainsi selon Adrien Ntabona , umwami était celui qui fait pousser les plantes, et ainsi il pouvait y avoir des récoltes.

Dans la conception du murundi il y’avait d’abord le dieu Imana, puis Kiranga le représentant de ce dieu sur terre , ensuite le mwami et enfin les bashingantahe.

Le pouvoir monarchique était un pouvoir sacré , indique l’abbé Ntabona. Le roi naissait avec des semences.

L’intronisation d’un nouveau roi était ponctuée par des rites avec une odeur du sacré. On lui faisait traverser là où la rivière mucece se rencontre avec la rivière nyavyamo. Et c’est de cette eau qu’il tirait sa puissance.

On lui faisait monter un taureau appelé « semasaka ». Et c’est ce taureau qui lui procurait les semences. Les barundi pouvaient ainsi cultiver et avoir des récoltes.

Il allait ensuite planter l' » ikigabiro »ou l’arbre-mémoire. Notons que ces arbres existent même aujourd’hui jusqu’à celui planté par le roi Mwezi Gisabo selon des témoins.

Ntabona indique lors de ces cérémonies d’intronisation un homme choisi parmi le clan des « bahigwa » , un clan tutsi , était sacrifié en se laissant piétiné par les vaches qui passaient sur lui allant boire de l’eau. Un autre homme du clan des bahanza , un clan hutu était sacrifié lorsque le roi se lever, il se soutenait par sa lance qu’il enfonçait sur cette homme. Adrien Ntabona signale que ces clans considéraient ces sacrifices comme un honneur pour eux.

Lors de la fête de l’umuganuro, precise Ntabona, une fete des benediction des semences, un clan des basigi apportait un taureau qu’il faisait boire du lait avant de ledépeçer pour chercher du lait dans ses viscères. Le même scénario était fait sur un coq.

Et le maître des cérémonies proclamait : imana zireze , le roi est intronisé et on apportait du sorgho et le roi souhaitait une bonne année aux barundi. Les semences étaient ensuite distribués à tous les burundais qui éteignaient aussi le feu pour recevoir celui venu de chez le roi

De ces rites conservées à travers ces chants dont inanga « umwami ari hehe? », Adrien Ntabona conclue que le roi était investi d’un pouvoir divin. Et que le roi était le trait d’union de tous. C’est ainsi qu’il était aimé et respecté par ses sujets.

 

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